Résultats prometteurs d'un antiépileptique dans l'alcoolo-dépendance

Medscape - 12 novembre 2013

La Jolla, Etats-Unis - Encore une bonne nouvelle dans la lutte contre l'alcoolo-dépendance : l'antiépileptique gabapentine (ou Neurontin®) donne des résultats encourageants et po[1].
urrait, à terme, venir gonfler la liste des nouvelles options thérapeutiques du sevrage alcoolique, selon une étude publiée dans l'édition en ligne du 4 novembre du JAMA Internal Medicine
Auparavant, d'autres travaux dans le sevrage alcoolique ont suggéré l'efficacité et la bonne tolérance de cet analogue du GABA, actuellement indiqué dans l'épilepsie et pour soulager les douleurs neuropathiques. Cependant, ils étaient de petite taille, avaient des méthodologies peu rigoureuses et présentaient parfois des problèmes de dosage.


Pour obtenir des résultats plus fiables, le Dr Barbara Mason et coll. (Scripps Research Institute, La Jolla, Etats-Unis) ont mené un essai randomisé en double aveugle sur 12 semaines. Ils ont enrôlé 150 adultes alcoolo-dépendants qui ont été randomisés pour recevoir soit 900 mg/j de gabapentine (dose modérée), soit 1800 mg/j (dose élevée), soit un placebo. Tous les patients ont reçu un soutien psychologique en parallèle.
Quatre fois plus d'abstinents et 2 fois moins de fortes consommations

A 12 semaines, les chercheurs ont constaté que les participants qui avaient reçu 1800 mg/j de gabapentine réussissaient deux fois plus à refréner les fortes consommations et 4 fois plus à être abstinents vs ceux qui recevaient le placebo.

Les taux d'abstinence étaient respectivement de 17% (IC 95% : 8,9 à 30,1%) dans le groupe 1800 mg, de 11,1% (IC 85% : 5,2 à 22,2%) dans le groupe 900 mg et de 4,1% (IC 95% : 1,1% à 13,7%) dans le groupe placebo.

Les taux d'absence de forte consommation étaient de 44,7% (IC 95 % : 31,4% à 58,8%) dans le groupe 1800 mg, de 29,6% (IC 95% : 19,1% à 42,8%) dans le groupe 900 mg et de 22,5% (IC 95% : 13,6% à 37,2%) dans le groupe placebo.

En outre, la gabapentine réduisait significativement les envies irrésistibles de boire « craving », les symptômes dépressifs et les troubles du sommeil.

D'après les auteurs, le profil de sécurité de la gabapentine était bon et aucun effet secondaire sévère n'a été rapporté.

Pour le Dr Mason, « les bénéfices de la gabapentine sur le sevrage alcoolique sont au moins aussi importants, voire plus importants, que ceux des traitements autorisés par la FDA. » En outre, elle offre des avantages supplémentaires comparée à l'acamprosate, au disulfiram, et à la naltréxone. « Il s'agit du seul traitement capable d'améliorer le sommeil et l'humeur des personnes qui arrêtent de boire ou qui réduisent leur consommation et il est déjà largement utilisé en soins primaires », ajoute-t-elle.

Dans un éditorial accompagnant l'article, le Dr Edward V. Nunes (New York State Psychiatric Institute, Columbia University Medical Center, New York) note que le fait que la gabapentine prévienne la rechute chez des patients alcoolo-dépendants est un développement important [2].

« Cet essai de bonne méthodologie et d'une puissance statistique suffisante confirme les données positives de plusieurs petits essais », explique-t-il.

Il souligne qu'une grande part des personnes alcoolo-dépendantes qui consultent un médecin de famille ont une alcoolo-dépendance légère à modérée ce qui suggère que «  la gabapentine a un fort portentiel dans le traitement de l'alcoolo-dépendance en soins primaires. »

Ce sujet a fait l'objet d'une publication dans Medscape.com

1 - Nunes EV. A New Addition to the Armamentarium for Alcohol Dependence? JAMA Intern Med. Published online November 4, 2013.
2 - Mason BJ,  Quello S,  Goodell V et coll. Gabapentin Treatment for Alcohol DependenceA Randomized Clinical Trial JAMA Intern Med. Published online November 4, 2013.

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