Opinion : Docteur Gérard Fontan
On peut dire que ça décoiffe, ça vapote, ça chauffe !! ... Quel succès, et combien ça dérange !!!!Les usagers s’accaparent une démarche, un produit. Beaucoup de gens ont arrêté de fumer avec la E-cigarette. Arrêt total de la cigarette, avec la E-cigarette, en diminuant progressivement le taux de nicotine, en prenant "son" temps, puis sans nicotine et arrêt. Certains sur quelques mois d’autres plus longtemps. A "son" rythme.
D'autres l’utilisent en complément, ils panachent, cigarettes et E-cigarette, sorte de réduction des risques. L’expérience montre que ça ne dure pas très longtemps, mais parfois cela permet à certain d’avancer dans leur démarche et de passer à l’étape suivante et l’arrêt, même si c’est dans un temps secondaire. Ils disent ne pas lâcher prise sur l’idée d’arrêt. Mais globalement "panacher" ça ne tient pas longtemps, on verra avec le temps, avec du recul.
Certains l’ont "essayé" sans grande conviction et ont constaté avec surprise que cela leur convenait et qu’ils ne fumaient plus de cigarettes et du coup ont continué et ont arrêté de fumer.
D'autres encore l'ont essayé et on trouvé cela nul, inefficace. "Ce n’est pas pareil que fumer".
Dans tous les cas les patients s’approprient une démarche. N’oublions pas que la majorité des fumeurs "souhaiteraient" arrêter.
Cette E-cigarette correspond à une catégorie de personnes qui n’auraient pas forcément arrêté, ou tout au moins pas encore. Cette méthode a incité des personnes à l’arrêt. Son succès est dans l’accès direct, une personnalisation, une appropriation de la démarche, sorte "d'empowerment" -oh le gros mot !-.
Mais bien sûr on trouvera des effets secondaires et indésirables mais sans commune mesure avec le tabac. Le principe de précaution ne doit pas être le principe du "parapluie".
L’Europe a failli voter une vente dans les pharmacies, avec la pression et le lobbying puissant des cigarettiers, qui voient d’un très mauvais œil cette histoire ! Les députés européens n'ont pas cédé, on n’est pas dans le tiers monde où les cigarettiers font ce qu’ils veulent y compris le pire. Pourtant ils y ont mis les moyens. La vente restera dans ce commerce direct, pas en pharmacie.
Il sera intéressant d'évaluer la baisse des ventes. De même cela a un impact probable sur les consultations de tabacologie avec une certaine baisse, tant mieux. Une étude sur l’impact sur l’arrêt du tabac sera instructive.
Un buraliste de Plaisance en Haute-Garonne a porté plainte contre un magasin de E-cigarette pour concurrence déloyale car ils affichait sur sa vitrine les bienfaits de la E-cigarette par rapport au tabac ou continuer à fumer. Cocasse non !
Certains tabacologues de renom pensent que d’ici quelques années la majorité de ces commerces et de ces fabricants de E-cigarette seront la propriété des cigarettiers. Probable, tout dépendra de la rentabilité de ces méthodes et surtout si cela permet de contrôler le marché, d’amener les gens à fumer, etc.
Les buralistes sont peut-être en train de manquer le coche, ne devraient-ils pas se mettre à fond dans ce "marché", n’est-ce pas l’opportunité d’une "reconversion". On n’arrête pas de se lamenter sur la "perte d’emploi" à cause de l’augmentation du prix du tabac et de la diminution des fumeurs.
Dans tous les cas, la E-cigarette a fait bougé les lignes. Reste à bien évaluer, mesurer l’impact et les comportements au long court.