Que faire si vous êtes témoin d’un bad trip

ASUD

On appelle « réassurance » la méthode qui exploite tous les moyens et techniques de canaliser le bad trip d’une personne.
Un bad trip étant différent d’une personne à l’autre et les situations dans lesquelles il se déroule étant si variées, il est impossible de dresser une liste exhaustive des gestes et attitudes à avoir. Il existe en revanche certains conseils universels que les consommateurs expérimentés connaissent bien.
Si vous êtes témoin du bad trip de Camille, voici quelques pistes pour lui venir en aide.


1 - Evaluer


En premier lieu, évaluez si Camille est en sécurité pour lui-même ou pour les autres, y compris pour vous-même, notamment s’il est agressif. Et agir le cas échéant. Si vous avez peu d’info sur la situation, n’hésitez pas à questionner
les personnes présentes sur les produits consommés ou le début du bad trip.
Si vous ne connaissez pas Camille, il peut être utile de trouver ses amis pour en savoir plus. Dans ce cas, présentez-vous à Camille afin de l’avertir que vous êtes là pour l’aider. Cette première étape prend seulement quelques minutes. Elle permet d’aborder la réassurance plus efficacement.

2 - Réassurer

Dans certains cas, il peut y avoir un blocage, comme une personne refusant toute approche et aide venant de quelqu’un du sexe opposé ou d’un visage non familier. Camille peut être incapable de parler ou d’avoir un dialogue sensé car trop déconnecté de la réalité. Si le contact passe mieux avec une tierce personne, il faut alors savoir passer le relais. La priorité est de ne pas amplifier le bad trip, par exemple en insistant pour le gérer ou en répétant des choses en boucle trop souvent.

Si le dialogue est impossible, il faut sécuriser son environnement et si nécessaire, déplacer Camille vers un endroit plus propre et propice à la détente. Rester un temps près de Camille et surveiller régulièrement son état. Lui proposer un petit massage si ça s’adapte bien à la situation et uniquement au niveau de la tête pour dissiper toute ambiguïté et ne pas être intrusif. Si la personne a du mal à s’exprimer, il est important de ne pas forcer la communication verbale. Dans ce cas, rassurer la personne peut passer par des outils comme un verre d’eau, une couverture, une boisson chaude si elle a froid ou des mots rassurants.Cela permet d’aborder la réassurance plus efficacement.

Canaliser son mauvais délire

Si le dialogue est possible, pour commencer, évitez de parler de l’état de la personne ou de la juger en sa présence (« Roohlala, j’aimerais pas être à sa place », « putain qu’est-ce qu’il prend cher »...). L’idée, c’est de canaliser son mauvais délire puis l’éloigner le plus loin possible. Il faut l’écouter puis l’orienter en considérant ses envies. Il faut accompagner et non pas s’imposer. On peut faire une balade, assurer une présence amicale ou encore utiliser la technique placebo, qui consiste à exagérer le soin qu’on lui prodigue (« Bois de l’eau, tu verras ça ira mieux », même si la déshydratation n’a rien à voir avec son état. Si si, ça marche).

Il est important de rassurer Camille en lui rappelant qu’il est sous l’effet d’une substance qui va s’arrêter. Dans bien des cas, surtout si c’est la première prise de produit pour Camille, il peut être utile de lui dire de ne pas résister au produit et à ses effets mais au contraire, de se laisser aller, particulièrement avec les hallucinogènes.

A l’opposé, on peut jouer le jeu du trip et entrer dans son délire si celui-ci n’est pas trop glauque en veillant toutefois à ne pas aller trop loin. Il est conseillé d’utiliser cette technique si l’on a déjà eu soi-même des expériences similaires dans la mesure où cela permet de comprendre profondément le ressenti de la personne. Avoir déjà vécu un bad trip est une aide précieuse pour aider quelqu’un. Surtout, il ne sert à rien de faire la leçon à quelqu’un sous bad trip (« Tu vois où tu en es avec ce que t’as pris ! ») ou encore de se moquer de lui, cela ne ferait qu’empirer son état.

Les méthodes adaptées étant différentes dans chaque cas, à nous de les trouver en fonction de la personne et de son état. Il faut rester attentif aux émotions et aux attentes de Camille pour l’orienter calmement vers ses repères habituels.

3 - La fin

La patience est ici le maître mot. Une réassurance peut durer quelques minutes ou plusieurs heures, le temps que Camille retrouve ses repères, le sourire ou le sommeil. La réassurance ne se termine pas sur un coup net mais plutôt progressivement. Et si Camille reste malgré tout perché bien après que les effets des produits se soient dissipés ? Vous êtes alors peut-être face à une situation nécessitant une aide médicale, soit pour calmer Camille, soit pour établir un diagnostic psychologique.

Appelez les secours (15, 18 ou 112) ou rendez-vous aux urgences les plus proches. Attention : Camille peut ne pas comprendre ce qui passe et son état peut empirer. Il est important de rester avec lui autant que possible, y compris dans l’ambulance ou l’hosto, ou de passer le relais à un proche qui saura le soutenir et non pas l’enfoncer dans ce moment pénible.

Fabrice Perez (texte adapté du Manuel du débadtripage de l’association Techno+).

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