APM International - 27 jan. 2014
PARIS, 27 janvier 2014 (APM) - Le plan de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), présenté lundi, prévoit l'expérimentation de nouvelles modalités de prescriptions des traitements de substitution aux opiacés (TSO), et notamment la possibilité d'expérimenter la primo-prescription de méthadone en ville.
La présidente de la Mildt, Danièle Jourdain Menninger, a présenté lundi 27 janvier 2014 le Plan d'actions 2013-15 de lutte contre les addictions qui compte sept chapitres principaux et 131 actions, et est doté de 59 millions d'euros. Ce plan est la première déclinaison du Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-17.
Le chapitre "accompagnement et soin" compte 38 actions et réunit les axes suivants "accompagner et prendre en charge" (22 actions), "réduire les risques sanitaires et dommages sociaux" (14 actions) et "agir spécifiquement dans les outre-mer" (deux actions).
Dans l'axe "accompagner et prendre en charge", la mission souhaite notamment améliorer la qualité de prise en charge des patients sous TSO et développer leur accessibilité.
Outre l'expérimentation de nouvelles modalités de prescription, le plan d'actions prévoit de favoriser la dispensation quotidienne des TSO dans les pharmacies volontaires et de promouvoir les protocoles d'éducation thérapeutique. L'expérimentation de l'utilisation des analyses par bandelettes en cabinet de ville est également évoquée.
La Mildt souhaite aussi conforter les compétences des professionnels de santé et le positionnement des médecins généralistes. Pour cela, elle veut garantir un accès aux expertises en addictologie sur l'ensemble du territoire et dans le champ des maisons de santé pluridisciplinaires et s'appuyer sur les réseaux d'addictologie existants pour faciliter des parcours de soins coordonnés et une organisation lisible sur les territoires.
La Mildt prévoit aussi d'étudier les évolutions des dispositifs de soins spécialisés (qualité, accessibilité, prévention, accueil, soutien aux familles, insertion professionnelle...) en s'appuyant sur la mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) lancée en mai 2013, sur ce thème.
REPRECISER LES MISSIONS DES EQUIPES DE LIAISON EN ADDICTOLOGIE
Afin d'étendre les interventions des dispositifs de soins spécialisés, la Mildt veut évaluer le maillage régional des équipes de liaison et de soins en addictologie (Elsa), repréciser leurs missions et indicateurs d'activités. Elle souhaite élaborer avec l'appui des agences régionales de santé (ARS) un plan de développement de ces équipes et un plan d'intervention dans les établissements pénitentiaires, puis dans les établissements psychiatriques.
Pour renforcer l'accessibilité géographique et sociale, il est prévu de développer des dispositifs mobiles des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud), notamment en milieu rural. La Mildt veut aussi déployer des antennes des consultations avancées des centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) et renforcer la disponibilité de la méthadone.
Elle souhaite soutenir et diffuser la thérapie familiale et multidimensionnelle (MDFT), notamment dans les consultations jeunes consommateurs (CJC).
Un des autres objectifs du plan est de "déployer une approche intégrée vers les comorbidités psychiatriques". Il s'agit de développer les formations croisées entre les services de psychiatrie, les services d'addictologie, les Csapa et les CJC, renforcer la formation sur les comorbidités psychiatriques des personnels des Csapa et adapter le cahier des charges de ces structures afin de renforcer l'accueil de mineurs.
La Mildt veut élaborer des fiches cliniques pour les services des urgences sur les intoxications liées notamment à la consommation de drogues de synthèse. Elle propose d'adapter un programme d'aide en ligne au sevrage cannabique "Quit the shit".
DES MESURES DESTINEES AUX FEMMES
Le plan comprend aussi plusieurs mesures destinées aux femmes. Il est notamment prévu de diffuser des bonnes pratiques d'accompagnement et de prise en charge des femmes présentant des conduites addictives.
La Mildt souhaite par ailleurs élaborer un programme de prévention et de prise en charge des troubles liés à l'alcoolisation foetale et l'expérimenter dans une ou deux régions. Des actions pour mieux avertir les femmes enceintes des risques du tabac et de l'alcool sont également prévues.
La mission formule une série de mesures pour développer des approches populationnelles de la réduction des risques et également pour renforcer l'accessibilité et la sécurisation de l'offre de réduction des risques (par exemple, moderniser et développer les parcs d'automates).
La Mildt va, par ailleurs, demander à l'industrie du tabac et aux buralistes d'actualiser le numéro de Tabac Info service sur tous leurs supports de promotion. Elle veut élaborer des référentiels de réduction des risques spécifiques à l'ensemble des substances dont l'alcool, et aux addictions comportementales.
Pour agir contre les détournements de médicaments, plusieurs actions sont proposées, notamment le renforcement des contrôles de la vente de médicaments par internet.
Dans le chapitre "prévenir et communiquer", il est prévu d'inscrire l'obligation d'une action de formation spécifique en matière de prévention à destination des buralistes, sur le modèle des débitants de boisson par l'introduction d'un module santé.
Plusieurs mesures du plan sont également destinées aux jeunes et à la recherche et à la formation , mais concernent aussi le milieu carcéral ou encore l'outre-mer.