L’insight et le jeu excessif : découvertes préliminaires et directions futures

La Lettre du Psychiatre • Vol. XI - n° 3-4 - août 2015

X. Noël*
L’insight et le jeu excessif : découvertes préliminaires et directions futures
Insight and gambling disorder: preliminary findings and future directions
es personnes en difficulté chronique avec leurs pratiques de jeux de hasard et d’argent (1) interrogent les cliniciens au sujet des limites des capacités d’autodétermination : “Comment se fait-il que ma volonté propre peine à suffire à éradiquer ce problème de jeu qui consume ma vie ? Pourquoi mon désir de changement est-il si fragile ?” Cette question n’est pas triviale au regard des résultats cliniques, généralement fort modestes : dans une étude américaine, moins de 13 % d’un échantillon de 226 joueurs en difficulté et ayant entrepris différents types de traitements psycho-logiques (groupe des joueurs anonymes, thérapies cognitivo-comportementales [TCC]) étaient en rémission au terme d’une période de 12 mois (2). Selon une approche cognitive en psychopathologie (3, 4), les échecs de l’effort volontairement consenti par un joueur excessif désireux de modifier ses comportements ludiques peuvent notamment être expliqués par l’existence de contraintes inconscientes (par exemple, les représentations de buts orientés vers la pratique ludique et des moyens d’y parvenir) ainsi que de limitations dans les ressources de traitement conscient (par exemple, manque d’insight, d’inhibition ou de flexibilité) [3, 4]. Cette explication s’inscrit dans le cadre théorique plus large, en psychologie et aussi en neurosciences, des modèles à double voie, qui conçoivent une décision ou une action comme le résultat d’une inter-action des systèmes de traitement de l’information inconscients et conscients (5). La voie inconsciente/automatique serait rapide, rigide, répétitive et totalement codée, à la manière d’un script informatique − lequel peut, par ailleurs, être très complexe. Lire la suite.

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